Ce virus copie Belmondo, surprenant, rebondissant, déroutant. Mais aussi Bardot : « il est passé par ici, il repassera par-là, il mettra la corde au cou, coucou, à toutes celles (et ceux) qu’il verra. Et il fait peur, pas seulement sur la ville mais partout. Comment l’arrêter ? C’est plus ici l’affaire des scientifiques que des policiers ou des défenseurs des animaux. En revanche, il nous est possible de faire cesser la « peur stéréophonique », cette nouvelle redondance de la mutation des mots.
Arrêt sur image. Après « aider les aidants », on a vu, lu et entendu « soigner les soignants » Et maintenant il s’agit de juguler « la peur de la peur ». C’est curieux ce monde de mots en coup double. Aussi étrange que de vivre à Baden Baden ou à Bora Bora. On a l’impression que le second mot ressemble au premier, de vivre l’un dans l’autre, d’être décalqué.
La peur de la peur porte un nom (un masque aussi) : la phobophobie. On sent vraiment la volonté dans ce mot de faire peur, lentement, en répétant le mot phobie deux fois ce qui nous fait craindre le pire. Car chacun sait que quand il y en a pour deux, il y en a pour trois.
Alors comment faire pour se débarrasser de la peur de la peur ? L’approcher à petits pas, chaque jour aurait conseillé Ericsson (le psychiatre, pas la compagnie de téléphonie). Mais l’approcher en respectant la distance d’un mètre n’est pas facile. En faire commerce ? Mais ne dit-on pas aujourd’hui que l’on ne peut avoir la peur et l’argent de la peur. Pas si sûr à l’heure où même les crémeries vendent des masques. Une petite permutation des lettres de mon moulin neuronal peut tout changer. Entre peureux et heureux, c’est juste l’affaire d’un P et d’un H. Du malheur transformé en bonheur. Quelques maux qui font la différence.
Patrick Lelong
Le 3/05/2020