On passait directement du 67 au 71 Quai de Branly à Paris (renommé Jacques Chirac, depuis 2021) car la municipalité ne voulait pas associer le nom de l’inventeur de la TSF, « possiblement déformable » au nombre 69, même si les mathématiques désignent le 69 comme un nombre… naturel.

Aujourd’hui les 69 Quai de Branly sont devenus monnaie courante et pas seulement dans les adresses mais dans les prises de paroles avec ce qu’il faut dire et ne pas dire, lire et ne plus lire, écouter et ne plus écouter, voir et ne plus regarder. On assiste au quotidien au grand retour de l’indigence intellectuelle, du meurtre de la conscience par la morale, frappée par la censure du crétinisme d’opinion !

Il ne faut plus lire, ni publier Lolita de Nabokov, regarder « Le Genou de Claire » de Rohmer, ou encore écouter «Lemon Incest » de Gainsbourg au risque de passer pour un pédophile potentiel (expression de ceux et celles qui pensent que le droit est trop laxiste).

Il ne faut plus citer les poètes de la Pléiade et ce vieux cochon de Ronsard (Mignone, allons voir si la rose…), ni lire Madame Bovary du libidineux Flaubert (la pauvre se faisait tripoter en cachette par le clerc de notaire, Léon Dupuis) et d’ailleurs on devrait aussi retirer cet auteur comme bien d’autre des programmes scolaires et enlever son nom des rues.

A supprimer aussi les veilles désignations insupportables comme les « Sans-culottes » qui font plus qu’à l’histoire l’apologie discrète mais réelle du viol potentiel.

Et puis, comme cela se faisait à une autre époque, brûler les librairies et punir les libraires qui diffusent toutes ces perversions. Personnellement, en fouillant dans ma bibliothèque que je vais alléger de 90% des ouvrages qu’elle contient et, à titre préventif, je viens de retirer « Nos nuits sont plus belles que vos jours » de Raphaëlle Billetdoux (attention quand vous prononcez son nom ) parce que c’est un très beau livre, plein d’intelligence et de beauté récompensé par le prix Renaudot en 1985, les inconscients d’hier.

Retirons, l’amour, le désir, la beauté, la nuance, le rêve des livres, des chansons et des films. Il nous restera les crottes de nez !