On aime Onfray ou on le déteste car il peut parler du Tout dans le rien et du Rien dans le tout. En somme, « on fraie » un chemin.

Son dernier livre « La nef des fous » accompagne notre quotidien de l’année 2020 de tous ses morceaux éclatés qui jaillissent devant nos yeux comme les pigeons d’argiles d’un lancé de ball-trap. Quand ces apparences de vérité envahissent notre ciel, nous tirons par réflexe, nous ne réfléchissons pas. Nous faisons Un avec la cible. Et comme chacun le sait, un pigeon se lève tous les matins.

Onfray rectifie le tir. Son questionnement porte sur les propos tenus par Todd, Bardot, Mélenchon, Greta Thunberg et consort (trop souvent) ou encore sur les commentaires de nos indignés professionnels multitâches mais « mono cérébrés » sur le vaccin, les spécistes (une espèce de), la pauvreté et, j’en passe, j’en tasse et j’entasse… Son questionnement révèle l’infini des possibles de la bêtise humaine.

J’aime la liberté d’Onfray, sa violence posée, sa saine rupture avec « l’allant de soi ».  Sa pertinence, comme une gifle non pas pour humilier mais pour réveiller. Comme les concierges, il se méfie des pigeons. Comme les concierges, il parle du quotidien. Il me rappelle mes rencontres avec Roland Barthes quand j’étais étudiant en sciences des textes. Que disent-ils qu’ils ne disent pas, que ne disent-ils pas qu’ils disent ces faussaires de l’intelligence qui font commerce de l’indigence intellectuelle ?

Et puis Onfray interrogé par Bercoff c’est comme dans le Souper, le plaisir de la pertinence d’un échange « parler vrai »  qui commence par de vraies questions. Jamais victime car c’est bon pour la morale !

Patrick Lelong