Nous avions Monsieur Propre, Monsieur Retraite, Monsieur Carnaval, Monsieur Tout le Monde, il nous manquait Monsieur « Dé-confinement ». L’erreur est réparée. Monsieur Castex devient monsieur 100 km comme – hier Gilbert Bécaud monsieur 100 000 volts. Alors, sans perdre un instant, la France entière toute branchée lui demande à la manière de Saint-Exaspéré, « s’il te plait, dessine-moi 100 km » ? A pied ? A cheval ? En voiture ?

A pied certainement pas. 100 km à pied, ça use, ça use. A cheval ne ferait pas diligence. Alors en voiture mais avec ou sans co-voiturage ? Bref, Un vrai casse-tête pour Castex. 100 Km à la ronde pour faire danser la France obligent à mettre tout le monde au diapason. Comment faire ? Quelle méthode adopter ?

« Caresser un cercle et il deviendra vicieux » prévient Ionesco. Pour caresser dans le sens du poil nos concitoyens privés de coiffeurs, d’esthéticiennes, Monsieur Dé-confinement lâche finement. « A vol d’oiseau ». Mais un lâché d’oiseaux ne s’improvise pas. Il fait craindre un dé-confinement sauvage tant redouté !

A vol d’oiseau, pour quel oiseau ? Le faucon pèlerin capable de parcourir près de 100 km en une heure ? Certainement pas le pèlerin de Compostelle, même bien entraîné à qui il faudra trois jours pour couvrir cette distance. L’aigle royal ? Le martinet ? Le colibri ?  Le canard colvert (déjà situé dans la bonne zone) avec ses 50 km/heure ?  Le canard « colrouge » plus habitué à défiler place de la République qu’à s’envoler ? Le gilet jaune, migrateur des ronds-points ? De quel drôle d’oiseau s’agit-il ? Faut-il comme certains dotés d’une cervelle de moineau qualifier cette expression de mots d’oiseaux ? Peu importe.  De toute manière, nous le savons, il y aura toujours des oiseaux de mauvaise augure.

Patrick Lelong

Le 7/5/2020