Le mot embrigadé reste peu utilisé depuis le début du XXI siècle. Et quand on le choisit, c’est toujours de façon péjorative car il suppose la contrainte, l’enrôlement. Il nous rappelle les actions violentes des années 80. Pourtant, il est de retour, comme le mot collaborateur banni de notre vocabulaire jusqu’à, encore quelques années. Cette réhabilitation, cette transformation, cette mutation pourrait-on dire, nous la devons au Covid 19. C’est décidé d’en haut : nous allons créer les brigades sanitaires dans lesquelles nous pourrons être enrôlés, bien sûr pour la bonne cause.

Mais pourquoi « brigades sanitaires » ? Peut-être parce que le mot brigade a fait le tour du monde (comme le virus). Il nous rappelle des souvenirs, de bons, parfois des mauvais mais toujours en rapport avec la situation que nous vivons aujourd’hui. Alors, comme notre pays en matière industrielle, déclinons. Déclinons toutes les brigades.

Les brigades du Tigre des années 73/83. Une série policière qui mêlait avec brio ambiance surnaturelle, mystères, taxi de la Marne (ou presque) et protection de la République. Avec à sa tête, le commissaire Valentin (un saint) et l’inspecteur Terrasson (le bien nommé). Impossible à reprendre car la moustache, la veste tweed et le pantalon golf de style Tintin ne sont plus de mise.

Les brigades rouges, tristement célèbres avec le terrorisme d’extrême gauche italien. On n’a pas osé, à juste titre reprendre ces deux termes pour qualifier ceux qui opéreront dans les départements rouges. Et puis, il aurait aussi fallu créer les brigades vertes.

Les toujours actuelles brigades de solidarité populaires, anti fascistes, d’aides mutuelles. Mais autogérées, elles sont incompatibles avec le pouvoir jacobin.

Les brigades internationales car nous sommes en guerre mais nos amis espagnols n’auraient pas apprécié ce retour en arrière.

Les brigades des mœurs, pourquoi pas car les bonnes mœurs ce ne sont pas seulement l’appréciation sociale du sexe mais aussi celles du civisme.

Les brigades immunitaires, inspirées de mangas japonais, des cellules du corps où se rencontrent hématie et leucocyte. Mais sans remuer le couteau dans la plaie, il nous faudrait déjà, pour être crédible, des tests sanguins.

Les brigades insoumises, pour inviter ceux qui ne peuvent plus défiler à servir socialement. Mais cela aurait pu être mal compris et récupéré politiquement.

On sait que le projet de création de brigades de traçage est dans les tuyaux (des masques quand ils seront là), avec tests, isolement, applications numériques.

Finalement brigades sanitaires, ce n’est pas si mal que cela. On aura ainsi évité les brigades de salut public et les brigades identitaires, les deux mamelles cancérigènes de la France.