Pour respecter le genre doit-on avilir la grammaire ? Doit-on ridiculiser l’orthographe ? Insulter nos auteurs et notre patrimoine littéraire ? Réveiller Victor Hugo pour se faire botter le cul ?  Autrement dit féminiser des noms masculins contribue-t-il à lutter contre la misogynie imbécile ? Au contraire, ne risque-t-on pas par une telle démarche de la renforcer ?

Les sous titres des images des JT nous infligent des « cheffes de cabinet » ou encore des « Préfètes ». Cheffe de cabinet… Avec deux F, deux fois une lettre masculine puisque l’on dit toujours « un F ». C’est de très mauvais goût. Comme l’illustration d’une défaite de l’intelligence. Préfète… ça sonne bien vous diront les misogynes, avec un petit air d’accordéon. Drôle en d’autre lieux. Discréditer la fonction n’est pas la défendre.

Plus proche de nous « doctoresse ». Non, il ne s’agit pas d’un prénom espagnol. Et si la doctoresse soigne aussi bien que le docteur (ce que je pense) pourquoi en changer ? Bon, au tribunal, même pour les affaires de mœurs, on garde « maître » et on oublie « maîtresse ». Tout n’est donc pas perdu. Romancière, ça va bien mais convenons- en « écrivaine », c’est « péjorative ».

Est-ce que si on remplace « il pleut » par « elle pleut », il pleuvra moins ? A la pluie comme aux « d’Artagnantes » de la langue, je le dis : ne vous précipitez pas. Imaginez le drame d’une riposte masculine (tiens, l’accord se fait au féminin). Pourquoi le firmament et pas le firpapa ?

Ne tombons pas dans ce travers au risque de condamner nos enfants à ne plus lire nos classiques. Une concession, cependant si cela fait progresser l’hygiène buccale.  La brosse Adam pourrait ainsi devenir la brosse à Eve.

Patrick Lelong

11/05/2020