Les Français auront fait deux choses essentielles grâce au confinement : se laver les mains (sans relire les Mains sales) et redécouvrir ce chef d’œuvre qu’est la Peste de Camus. De quoi réconcilier l’hygiène physique et l’hygiène mentale. En revanche, nous aurons compris que l’Académie de médecine n’est pas l’Académie Française. Les cours d’histoires par exemple ne font pas partie du cursus d’études de médecine. Le bon sens non plus. Entendre une sommité médicale, sorte de Mont Blanc de la médecine comparer le Covid 19 à la Peste ne mérite même pas la moyenne à une copie du bac. On a quand même échappé à la comparaison de la grippe saisonnière à la grippe espagnole.  Merci quand même. S’il s’agit de faire peur, on a tout ce qu’il faut en magasin (disponible sur internet). S’il s’agit d’un bon mot, on en trouve de meilleurs ici et là. S’il s’agit de jouer au docteur, nous avons passé l’âge. La bonne posologie pour rendre les gens responsables consiste à dire des mots justes, à répondre à l’émotion par du rationnel. Il faut rendre hommage à tous les soignants pour leur dévouement, leur conscience professionnelle, les mots justes qu’ils savent prodiguer à ceux qui souffrent. Les médecins, les infirmières, les aides-soignants, les kinés et j’en oublie. Et demander à ceux qui ont la lourde tâche d’informer, de conseiller, d’adapter les stratégies médicales de bien comprendre l’importance du poids des mots. Comme pourraient l’affirmer les psychiatres confinés mais pas internés « Mots tus et Bouches cousues ».

Patrick Lelong

4 mai 2020