Dès qu’une crise nous bouleverse, c’est devenu une habitude, une prothèse de l’intelligence journalistique que d’infliger aux lecteurs, auditeurs et téléspectateurs cette question que personne ne se pose : quels sont les gagnants et les perdants ? Avec le Covid 19, autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Tout simplement pour faire du foin car les aiguilles sont déjà prises pour confectionner les masques.

Du côté des perdants. A coup sûr les enseignants d’Anglais en raison des postillons générés par la prononciation du « TH ». Ce n’est pas un hasard si les pays anglo-saxons sont les plus impactés par le Covid 19. Le remède s’impose. Laissons nos enseignants encourager la prononciation à la Maurice Chevalier, plus hygiénique avec sa « french touch ». Souvenons-nous qu’Alexandre Dumas qualifiait la langue anglaise de « français mal prononcé ». Perdant aussi les dentistes. Certains profiteront du port du masque pour cacher leurs chicots puisque le sourire s’exprime par un étirement des yeux.  Perdant encore, les acteurs des films X devront respecter les gestes barrières : 1 mètre au moins de distance n’est pas à la portée de chacun.

Du côté des gagnants. Citons les chirurgiens esthétiques qui devront recoller les oreilles déformées par les masques, oreilles qui comme les miennes ne sont pas aux normes AFNOR. Bien sûr heureux les dermatologues mais aussi les psychiatres ! Se laver les mains 20 fois par jour n’est jamais sans conséquences. Les schizophrènes pourront continuer à vivre comme avant. Etant plusieurs en un seul, ils ont pu se rencontrer comme d’habitude pendant le confinement. Et n’oublions pas les impôts car la prescription fiscale est interrompue.

Cette période aura eu le mérite de rendre hommage aux meuniers. Et d’en finir avec la rengaine « Meunier, tu dors, ton moulin va trop vite ». Cessons d’être roulé dans la farine. Avec le Covid, tous les moulins ont fonctionné à plein régime, même les moulins à paroles.

 

Patrick Lelong.