20 heures dans la vie d’un peuple. Tous les soirs, à la même heure, sans faillir, les balcons et les fenêtres des villes de France s’animent. A la manière des « lapins Duracel », des applaudissements rythment la nuit à venir. Pour remercier les soignants. Pour se soigner. Pour conjurer la peur. Pour témoigner de son impuissance. Mais le bruit n’est pas le bien. Et le bien n’est pas le bruit. Témoin de la Révolution française, Saint-Martin l’avait déjà constaté quand il écrivit « j’ai voulu faire le bien sans faire de bruit car j’ai compris que le bruit ne faisait pas du bien ».

Le bien, c’est être utile. Ce que font des millions de Français, en silence, anonymement, souvent jusqu’à l’épuisement, dans l’action de servir. A l’hôpital, dans les EPHAD, les entreprises, les transports, le maintien de l’ordre républicain, l’école, l’aide à leurs voisins. Chacun peut être et se doit d’être utile.

Le bruit c’est l’indécence de ceux qui se répandent telle une trainée de poudre sur les réseaux sociaux, ceux qui savent tout, qui ont tout compris parce qu’ils ont entendu dire, ceux qui nous infligent leur indigence intellectuelle, leur imbécillité militante, leurs commentaires… Mais comment taire ?

Que dire de ceux qui après avoir applaudi des mains, pensent avec leurs pieds pour tenter de profiter coûte que coûte des vacances de Pâques et apporter le virus à ceux qui n’ont pas encore eu le loisir de le partager ? Pourquoi saper le travail de ceux qu’ils ont applaudi quelques heures auparavant … Pourquoi ?

Soyons cohérent, digne, responsable, bien veillant et bien faisant au quotidien. Respectons-nous. L’agitation n’est pas l’efficacité. Rappelons-nous que le virus se transmet aussi de bouche à oreilles et gardons les mains propres.

 

Patrick Lelong

Le 12 avril 2020