« Le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! » (Extrait de l’appel du 18 juin du général de Gaulle). Combattons, résistons, plastiquons ces expressions creuses, ces mots détournés, dépouillés de leur sens dont usent sans aucune retenue les hommes politiques et les journalistes.  Il nous faut occire les oxymores de bric et de broc, les non-sens et autres balivernes ennemies de l’intelligence, de la concorde et de la concordance.  Aux gommes citoyens ! Par exemple, la « discrimination positive », loin d’être une main tendue, révèle une insulte. La discrimination consiste à séparer un groupe humain des autres en le traitant plus mal. Ajouter positive revient à mettre une cravate sur une chemise sale.

Plus récemment, de bouche ministérielle, cette incompréhensible expression de « soupçon avéré ». Le soupçon est une présomption de culpabilité sans preuves. Avec preuves, on parle d’un délit, en particulier celui du racisme qui doit être sanctionné dans la police comme partout ailleurs. Le ministre pourrait se creuser les méninges de « l’intérieur » avant d’inventer des bombes langagières à retardement car toutes ces juxtapositions de termes contradictoires créent la confusion, le doute et hypothèquent la confiance.

De leur côté, les journalistes devraient éviter de se livrer au jeu « Du mot le plus long » mâtiné de scrabble.  On avait « distanciation » plutôt que distance, nous avons maintenant « urgentiviste » au lieu d’urgentiste (à moins qu’il ne soit plus rapide dans ses interventions), nous avions « auteure » et maintenant autrice (sauf s’il s’agit d’une auteure, sans hauteur avec souffrances psychiques).

Ces mariages de mots inadéquats, d’expression de branquignoles nous renvoient aux Précieuses ridicules. Relisons Molière, ne le soldons pas !