La crise du Covid 19 nous oblige à nous interroger sur notre réponse collective et individuelle face à une situation d’urgence, d’envergure internationale, nationale, territoriale. Avec une Europe en panne et en tout cas inaudible. Or, l’absence n’est jamais rassurante. Que voyons-nous ? Au niveau hexagonal, un gouvernement peu préparé à cette situation qui tente d’apporter des réponses au fil de l’eau. Une solidarité de pays à pays, de citoyens à citoyens, une remarquable mobilisation des soignants du public et du privé, des fonctionnaires, des entreprises, des salariés au contact direct de la population… Chacun a compris que la solidarité et l’efficacité constituent une seule et même chaîne où chacun est important. Bref, nous ne sommes plus des insignifiants, des gouttes d’eau dans l’océan de la mondialisation mais des acteurs, des hommes et des femmes responsables, capables de trouver des solutions, d’imaginer des réponses. En somme d’agir.

Les politiques en matière de santé, la « financiarisation » menée depuis des années contribuent à éloigner le « politique d’en haut » des préoccupations des citoyens. Ceux qui nous gouvernent parlent fort, ce qui les empêchent d’écouter le mécontentement, la grogne et de plus en plus souvent la révolte.  Mais ce qui nous éloigne nous rapproche d’une autre manière. Il est des hommes et des femmes de plus en plus écoutés et respectés par tous. Ceux qui retroussent les manches dans leur ville, dans leur département, dans leur région. Ceux qui partagent. En somme, ceux que nous côtoyons et qui nous représentent vraiment : les maires, les responsables des régions… leur implication supplante leur étiquette politique. Ils ont notre confiance car on peut mesurer avec nos yeux de Bretons, de Corses, d’Alsaciens, de Parisiens, de Savoyards (pardon pour tous ceux que j’oublie en raison de la taille de l’article) leur action, leur écoute, leur compétence, leur détermination à faire fonctionner notre ville, notre département, notre région souvent avec des moyens financiers restreints, partiellement confisqués par notre structure jacobine.

Alors, appuyons-nous sur cette confiance pour développer initiatives et solidarité. Soyons encore davantage acteurs de notre environnement sanitaire, économique, écologique, quotidien. Concrètement, pour donner à nos villes et à nos territoires les moyens qui leur font défaut, nous pourrions mettre en place à l’instar de ce qui est possible en matière d’impôt sur le revenu, une possibilité de déduction de donation (particuliers et entreprises) à partir de cette enveloppe fiscale qu’est la taxe d’habitation. « J’habite donc je suis et j’agis » en quelque sorte. La gestion de ces nouvelles ressources serait décentralisée, régionale, cantonnée, gérée, expliquée et contrôlée territorialement par des élus. Il serait ainsi possible de faire un état des lieux des manques, des actions à mener, des prévisions et d’aménager cette donation dans son montant déductible en fonction des besoins. La déduction bien sûr se ferait sur l’impôt global et non sur la seule taxe d’habitation qui appauvrirait davantage les villes, départements et régions.  C’est une proposition parmi d’autres qui aurait le mérite de cesser d’imaginer que la situation de l’hôpital ou de l’emploi par exemple est identique partout en France. Il n’est pas absurde de penser que le prochain Président de la République pourrait être le Président de toutes les régions de France et donc de tous le Français.

Patrick Lelong