Mes chaussons sont usés. Comme la maréchaussée mais pour d’autres raisons. Elle, elle marche. Moi, j’ai l’impression comme beaucoup qu’on me fait marcher. Impossible d’en acheter une paire, les boutiques sont fermées. Ce n’est pas le pied, n’est-ce pas ?  Et acheter par correspondance c’est pour moi comme se marier sur catalogue. Bon, de pied ferme, j’attendrai.

Je reçois un courrier de la Sécu. Une incitation à se faire vacciner contre la grippe pour les personnes à risques donc les vieux comme moi. Et gratis de surcroît, le sésame français.  J’obtem-Père, du Fils et du Saint Esprit et moi qui oublie tous les vaccins comme les socialistes oublient les pauvres, je me décide pour soulager les soignants de me rendre non pas à l’ennemie mais en pharmacie. Pas de vaccin! Plusieurs pharmacies, toujours pas de vaccin. Bon je respecte strictement les directives sanitaires, là encore, j’attendrai… l’année prochaine.

Les commerces vont rouvrir, dit-on. Seuls jusqu’à présent restaient accessibles physiquement les tabacs pour les jeux, les Nicolas pour le vin et les boulangeries pour le pain. Du pain, du vin et des jeux, comme au temps de Rome. Une vraie mise à mort des restaurants et des cafés. AVE César Emmanuel, les commerçants qui vont mourir te saluent ! Tout de même, soyons aussi objectifs que la France Insoumise et le Rassemblement National : pour la restauration, il restait tout de même les kébabs, les grecs pour aller s’y faire voir, l’odeur de la graisse et la proximité de boutonneux agglutinés sur place. Mais Papille fait de la résistance. Bon, il suffit d’attendre le retour de l’égalité républicaine. Le bon goût pour tous. Là encore et toujours, j’attendrai.

Peut-être dans les prochains jours faudra-t-il respecter dans les commerces un périmètre sanitaire de 8 mètres entre postillonneurs potentiels.  Mon coiffeur cherche ciseaux, rasoirs et séchoirs de plus de 7 mètres de long pour s’occuper de moi. Patience, Ils sont en cours de fabrication en Chine. De mon côté, je pratique des assouplissements dignes de l’inspecteur gadget pour pouvoir apposer ma carte bancaire (sans contact car c’est encouragé) sur l’appareil. Ce n’est pas gagné. Et puis pour entrer dans une boutique, attendre son tour, groupés et serrés sur les trottoirs comme l’absence de sardines dans les anciens pays communistes en boite, pour enfin se trouver séparés par 8 mètres sanitaires d’un quidam (c’est un joli nom, camarade), cela change tout ou presque. Comme la croissance, j’attendrai

Et maintenant, une lumière, que dis-je, une orgie de lumière ! Le vaccin ou plutôt les vaccins contre la covid arrivent des Etats-Unis, d’Allemagne, de Chine et de Russie. Il est prêt, peu importe les mutations, les rêves de visons, il est à nos portes. Crachons pour sceller la victoire ! Portons-nous volontaires. Mais voilà, il y a ceux qui soulignent les dangers de vaccins véhiculés par de l’aluminium. « Franchir brusquement la barrière cutanée avec un produit toxique n’est pas sans danger » préviennent-ils. Mais rétorquent les autres, « ne pas se faire vacciner sera pire ». Pour ma part, je n’attendrai pas et je choisirai le vaccin russe, baptisé par l’humaniste Poutine (je n’ose pas écrire son nom en anglais) Souptnick. Pas de piqure, directement dans la lune!