Faut-il voir pour entendre ou entendre pour voir ? Question posée à Jean Castex qui vient de changer ses lunettes visiblement sans profiter de l’occasion pour tester son audition. Pourtant les opticiens se reconvertissent volontiers en audio prothésistes et ils font partis des commerces essentiels restés ouverts. Prenez-en de la graine prévient-il, nous serons dorénavant confinés (élevés) en plein air et vous pourrez picorer librement (ou presque) jusqu’à 19 heures. Plus question après cette heure de lever le verre (de terre ?). Rentrez vite au poulailler car le renard de la Covid risque de vous surprendre.
D’où nous vient ce changement d’attitude, cette mutation « matignonnesque » et « Elyséenne » aussi rapide et surprenante de celles de la Covid ? Hier, pigeons aujourd’hui poules plus domestiques. Difficile à comprendre à l’écoute du discours de jeudi dernier. Des mesures, de Castex « casse texte » pour ne pas dire autre chose. Décryptage…
Le Premier Ministre reste prisonnier de la méthode et du passé. Il fut l’année dernière, souvenez-vous monsieur 100 km et quand on sait faire marcher… Certes, quand il nous dit avoir tirer des leçons des précédents confinements, c’est vrai : 10 km dorénavant pour certains d’entre nous pour picorer.
Mais picorer quoi et où ? Des livres, de la musique, du pain, du vin et des jeux … Des salons de coiffure, des tabacs, des épiceries, des petites grandes surfaces… Mais pourquoi pas des chaussures, des habits, serviettes en papier, des jouets pour enfants qui restent interdits ?
Cette sélection qui défie l’intelligence la plus sommaire reste l’exception française. Des gens exceptionnels, nos dirigeants et leurs équipes nourris du même grain qui réfléchissent sans penser : Du mépris ou une méprise des « énargues » ? Or, la complexité rend des mesures de confinement sans doute nécessaires, incompréhensibles et donc faciles à contourner. Il faut des actes simples et constants comme le respect et la sanction d’absence de gestes barrières dans tous les commerces sans fermetures d’aucun d’entre eux avec application du gel et masques obligatoires, interdiction d’entrée dans le cas contraire, périmètre sanitaire. Ces mesures de fond, peu nombreuses mais fortes et efficaces qui responsabilisent sont noyées par un inventaire à la Prévert (le talent en moins) à l’efficacité douteuses, chaussettes, jouets, lunettes et j’en passe. La Covid ne choisit pas ses commerces de prédilection. Le virus pourrait faire sien cette maxime : quand on sème, on ne compte pas.
Patrick Lelong